LA PROF DE MATHS

Je tiens tout de suite à préciser à mes lecteurs et surtout à mes chères lectrices que le sujet abordé par ce billet risque de les déranger, voire d’en choquer certaines, aussi il me semble préférable de vous demander de faire l’impasse sur la lecture de ce Billet n° 60 pour que nous ayons le plaisir de nous retrouver la semaine prochaine.

La nature humaine réserve bien des surprises et je vais vous conter une péripétie qui se reproduisait sur chaque tournée lorsque nous passions dans le quart grand Est de la France.

Je remarquais que dans les jours précédents la représentation dans la ville dont je tairai le nom, une agitation fébrile mais palpable se répandait dans l’équipe technique et chez certains musiciens.

Cette cité de taille moyenne, d’environ 120.000 âmes est la 33° commune la plus peuplée de France et s’est retrouvée ces dernières années à la Une de la presse et dans les titres des JT pour 2 faits divers hors du commun : l’un concerne un anesthésiste soupçonné d’avoir empoisonné 30 patients avec 12 issues mortelles, l’autre d’un assassinat d’une jeune étudiante japonaise en décembre 2016 par son ex petit ami, venu d’Amérique du Sud pour accomplir son forfait.

Comme dans les chaines d’infos, je précise qu’à ce jour, les 2 mis en cause sont présumés innocents tant que l’action judiciaire n’a pas rendu son verdict définitif… Donc, revenons à nos moutons. Le soir, à l’issue de la représentation, quelques personnes, toujours les mêmes, 2 couples de quinquagénaires, hommes genre notables et femmes bourgeoises venaient en coulisses et échangeaient courtoisement avec les techniciens et les musiciens. De grands éclats de rire résonnaient dans les coursives et tout le monde se promettait de se revoir à l’occasion d’une prochaine tournée. Grande fut ma surprise lorsque j’appris le lien qui unissait ces personnes qui de façon évidente n’appartenaient pas au même monde. D’un côté la caricature de la bourgeoisie provinciale, de l’autre des nomades, des troubadours, des vagabonds c’est selon …

La raison me fut dévoilée à Montbéliard, la veille de la date tant attendue, lorsque je surpris un musicien demandant à mon Directeur de production de l’époque de bien vouloir faire avancer le départ du bus afin qu’ils puissent être dans la ville vers 15h, soit 2 à 3h avant l’horaire habituel. Surpris par cette requête inhabituelle, les musiciens trouvant qu’on les faisait toujours arriver trop tôt, mon Directeur de prod me répondit qu’il était étonné que je lui pose la question, persuadé que j’en connaissais la raison …

Devant mon incompréhension visible et évidente car sincère, il me demanda de m’assoir et s’en suivit un dialogue lunaire :

« c’est à cause de la Prof de Maths !  Oui la prof de Maths ! Tu connais ? »                                                                                                                                

« Non, en plus tu sais, à l’école je n’ai jamais aimé les maths, je préférais le français »

« Ben elle, Patron , elle t’aurait fait aimer les maths !… »

Et il me conta l’histoire .

La représentation dans cette ville était attendue par TOUTES les tournées car l’après midi du spectacle, vers 14h arrivait une des 2 femmes bourgeoises aperçues en coulisses qui embrassait toutes les personnes présentes, demandait où était sa loge et alors commençait son après midi où elle pouvait laisser libre cours à son fantasme.

Elle était Professeure de Mathématiques dans le plus grand Lycée de la ville.

Les techniciens et les musiciens désireux de bénéficier des services de cette « bénévole du plaisir oral », au talent parait-il inégalé dans tout l’hexagone, se suivaient à la queue leu leu ( expression qui prend tout son sens en l’occurrence ).

Selon l’importance de l’équipe, car pour des tournées comme pour celle d’EDDY, il y a avait un peu plus de 50 personnes sur la route, elle terminait son œuvre de bienfaisance vers 18H.

Le temps pour elle de rentrer fissa chez elle pour se changer et revêtir sa tenue de soirée pour revenir à 20h30 en compagnie de son époux, et d’un couple d’amis ( toujours le même ) .

Vous vous doutez bien qu’avec ma curiosité malsaine, j’ai utilisé toutes les ficelles et les menaces pour tout savoir sur un épisode de vie de la bourgeoisie provinciale digne d’un long métrage de Marc Dorcel qui aurait pu s’intituler « LA BOURGEOISE ET LE SHOW-BIZ »

Cette femme vivait son fantasme depuis des années, était connue de toutes les équipes et venait systématiquement en début d’après midi le jour du concert. Son numéro de téléphone se situait en bonne place dans le carnet d’adresses des responsables techniques des principales productions françaises et la confirmation de sa venue était actée par un échange téléphonique la semaine précédente la venue de l’équipe.

Professionnelle jusqu’au bout de la langue, lorsque l’équipe comprenait de nombreux membres ( autre expression qui prend tout son sens ) elle se faisait aider par son amie (vous savez, l’autre bourgeoise qui venait avec elle le soir )accompagnées toutes deux par leurs maris qui ignoraient tout de leurs activités m’a-t-on assuré, ce que je crois, car pour avoir vu le soir les hommes déambuler avec leurs épouses, leur assurance et décontraction m’ont paru incompatibles avec le fait de savoir et d’être complices … même si je me demande comment elle faisait pour expliquer à son mari les raisons de sa connaissance des gens de ce milieu et le fait d’avoir 4 invitations pour tous les spectacles…

Il m’a été confié qu’elle préférait les tournées des CHŒURS DE L’ARMÉE ROUGE à celle d’un Humoriste car évidemment la quantité était un des éléments déclencheurs de son plaisir…

Il m’a été dit qu’après son passage, elle faisait un compte rendu de son après midi en rendant public auprès du Directeur de Production « le temps de réaction » de chaque concurrent… certains parait-il, avaient honte et devenaient la risée du reste de l’équipe devant leur peu d’endurance …

Lors de mon dernier passage dans cette ville en 2014, lorsque je suis arrivé avec EDDY à la salle, comme tous les soirs vers 19H, nous l’avons croisée, elle nous a salués alors qu’elle rentrait chez elle pour se changer, et elle était accompagnée de sa fille ( au demeurant fort jolie ) âgée d’une vingtaine d’années…

N’allez pas imaginer ce que je n’ai pas écrit … quoique … elle préparait sans doute la relève … Allez savoir jusqu’où l’hérédité peut se nicher ?

Je précise que cette histoire est on ne peut plus véridique, que je n’ai rien inventé ni imaginé, mais je ne peux vous assurer qu’elle exerce encore son art, ne faisant plus de tournée. Paris a la Tour Eiffel, Marseille le Vieux Port, Strasbourg  la Petite France et …. .…….  sa PROF DE MATHS. A chaque ville son symbole !

J’espère n’avoir choqué personne en vous narrant cette petite anecdote, espèce de « Conte de Fée » des temps modernes, mais je vous avais averti(e)s…

Rien ne vous obligeait à poursuivre la lecture, car comme disait ma Grand-mère, la curiosité est un vilain défaut …

A vendredi prochain pour un texte à mettre sous tous les yeux …

6 Comments
  • Tony Frank

    avril 19, 2024 at 1:18 pm Répondre

    RAS, surtout merci à Déborah !
    Il n’y a pas bcp de réactions à ton texte aujourd’hui….
    Tony

  • Gensdarme

    avril 19, 2024 at 1:44 pm Répondre

    J’aurais au moins fait des progrès en math!!!!

  • Dupont Moreau

    avril 19, 2024 at 5:18 pm Répondre

    Très drôle. Merci pour cette anecdote qui m’a fait beaucoup rire.
    À mon grand âge, rien ne m’étonne de l’esprit humain.
    Il en faut pour tous les goûts…
    Seule la violence me choque.
    Gros bisous.

  • Dupont Moreau

    avril 19, 2024 at 5:19 pm Répondre

    Tu n’as pas dit si elle était jolie…
    Ça compte.

  • Perathoner

    avril 19, 2024 at 7:05 pm Répondre

    Entendu parler mais jamais croisé…véridique, et je parle sous le contrôle de ma femme 😜😜

  • Malka Braun

    avril 19, 2024 at 9:23 pm Répondre

    Comme toi j’ai connu tard son existence et celle de sa fille.. je l’ai aussi rencontré dans les couloirs peut-etre était ce au même moment que toi .
    C’est drôle que tu en parles , ton récit m’a bien faite rire et rappeler de joyeux souvenirs quand nous parlions de cette généreuse gourmande.

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