J’ai eu la chance de pouvoir assister lundi dernier à la Commémoration du 110° Anniversaire de la mort du Poète FREDERIC MISTRAL, personne la plus connue de Maillane … jusqu’à mon arrivée en Juin 2018 ( je plaisante évidemment !)

La journée dédiée au Prix NOBEL de Littérature de 1904, se décomposa en 3 temps 

– La Messe chantée en provençal dans la belle Église de Maillane

– L’hommage rendu devant son Mausolée

– Le Déjeuner au CFM avec tous les participants.

 Ma première surprise fut de constater que pour un lundi matin, un grand nombre de personnes s’était rassemblé pour participer aux diverses cérémonies. Il y avait pêle-mêle, le maire du village, l’Adjointe à la Culture en charge de l’organisation avec son équipe si efficiente, les Guardians, une nuée de belles Arlésiennes, le Groupe BANDÙRA et le CAPOULIÉ  …

J’imagine les yeux interrogateurs de mes lecteurs et lectrices assidu(e)s devant cette énumération. Je vais donc essayer de combler votre curiosité point par point, en mettant des définitions pour chaque mot qui vous est inconnu …

L’Adjointe à la Culture, Eugénie GROS est de fait LA RÉFÉRENTE de MISTRAL dans toute la Provence et dirige le Musée qui est en plein travaux ( d’une durée de 2 ans ) suite à la décision prise par l’ancien Maire très attaché aux traditions, Joël SUPPO . Grace à un dossier bien ficelé et à l’aide financière de la D.R.A.C, ce Musée va devenir un exemple de ce que peut faire un village malgré un budget réduit lorsque son 1° magistrat aidé par une Adjointe à la Culture de choc, travaille pour que l’âme des valeurs ancestrales perdure …

On pourra y admirer entre autre, l’Original du DICTIONNAIRE en langue  Provençale écrit PAR LA MAIN de MISTRAL, retrouvé dans les gravats au milieu de nombreux documents inestimables, tous liés au Poète et à sa vie.

La Messe,( dans une église pleine comme l’Olympia lorsque Eddy MITCHELL ou Michel SARDOU donnait une série de récitals ), à laquelle je n’ai pas assisté par conviction personnelle, était m’a-t ’on dit magnifique, en langue provençale, avec des chants repris par toutes les personnes présentes.

A la sortie, sur le parvis, les GUARDIANS, fiers sur leurs magnifiques chevaux blancs, m’ont rappelé le film qui m’a tiré le plus de larmes dans mon enfance : l’inoubliable CRIN BLANC !

Je suis donc venu pour assister à la sortie de l’église des dizaines d’Arlésiennes toutes revêtues du Costume traditionnel surmonté de la coiffure, tous deux répondant à un code strict qui se répète de grand-mère à mère et de mère à fille. On sent dans le port de tête, la gestuelle du corps et le regard, une fierté d’appartenir à ce cercle régional si facilement reconnaissable. Il m’a été rapporté que l’on pouvait prétendre à porter le costume traditionnel sans être native de la Région à la condition de se soumettre à une initiation longue et qui peut paraitre fastidieuse. J’y vois, à cause de mon mauvais esprit sans doute, un parallèle avec la Franc Maçonnerie …

« LI FESTIJAÎRE » et « BANDURA » sont deux groupes à priori rivaux qui se sont mélangés pour l’occasion, preuve que MISTRAL et un élément fédérateur… 

Ces deux groupes sont composés de musiciens des deux sexes, jouant du GALOUBET ( variante de la flûte à bec avec 3 trous et qui se joue à 1 main, généralement la gauche, l’autre servant à jouer du Tambourin ( un long fût en bois massif, surmonté de 2 peaux, celle du dessus étant traditionnellement de la peau de veau mort-né ( éloignez svp les âmes sensibles ) . Ces musiciens appelés TAMBOURINAIRES ont été rejoints dans le groupe, modernité oblige, par une guitare, une clarinette selon le choix… Rien à redire tant que n’est pas ajouté une platine avec un DJ tatoué fumant de la « Teush » entre 2 morceaux…

Enfin le CAPOULIÉ, le Grand Maître du FÉLIBRIGE qui est une association  fondée le 21 Mai 1854 au Château de Font – Ségugne par 7 jeunes poètes régionaux pour défendre la langue provençale, car à l’époque, les langues régionales étaient officiellement interdites. MISTRAL en était le meneur et de ce fait en fut le 1° CAPOULIÉ de 1876 à 1888.  Depuis 1876, 16 Capouliés se sont succédés, le dernier nommé en 2022 pour 4 ans renouvelables parmi les 50 Félibres majoraux s’appelle PAULIN  REYNARD . Ce sont généralement des personnes de l’Art ( littérature – musique ) .  L’actuel Capoulié est par exemple Directeur artistique des Chorégies d’Orange, évènement incontournable des étés provençaux. Il est également le plus jeune CAPOULIÉ nommé depuis la création du FÉLIBRIGE.

Je me suis fondu avec mon épouse dans la foule qui a suivi toutes les personnes précitées pour nous retrouver devant le Mausolée du Grand Poète où nous eûmes droit à 3 discours : 2 en Provençal et 1 en Français.

Bizarrement, j’ai presque mieux compris les discours en Provençal du CAPOULIÉ et de l’Adjointe à la Culture, ( car ils étaient emprunts d’émotion et d’un joli phrasé ), que celui en Français du Maire où les mots qu’ils n’a pas dû écrire lui-même étaient ânonnés et débités sans conviction, sans âme, sans envie…De plus, il n’a même pas eu la délicatesse, compte tenu de l’évènement de terminer son laïus par une phrase dans la langue du Poète auquel il était censé rendre hommage…  N’est pas orateur qui veut ! faut il encore en avoir les qualités !… Même si de douloureux souvenirs émergent lorsque l’on se remémore les figures incontournables et emblématiques de cet exercice : ADOLF – LE DUCE – FIDEL – et notre clown national MELENCHON … il est dommage que des discours soient prononcés par des personnes sans conviction ni talent . C’est comme pour une chanson : quand elle est mauvaise, elle parait interminable …

Tout ce beau monde s’est retrouvé au C.F.M ( Centre Frédéric Mistral ) pour un buffet mitonné avec envie et talent par un Agriculteur – Traiteur avec uniquement des produits de la Région.

Le vin a coulé à flot, les mets se sont succédés, je crains que la fin d’après midi n’ait guère été productive …  Mais on ne fête pas souvent le 110 °anniversaire de la disparation du Poète qui est né, a vécu, a trompé son épouse ( il était le Dominique STRAUSS-KAHN  local de l’époque )  est décédé et enterré dans notre joli village.

LE POÈTE est à Maillane ce que LE GÉNÉRAL est à Colombey les 2 Églises…

Tout ce folklore peut paraitre dérisoire et désuet pour certains d’entre vous, mais je dois avouer qu’en cette période où nos politiques abandonnent toute notion d’identité nationale au profit d’une mondialisation des valeurs, il est réconfortant de voir que certains villages font de la résistance, avec des arguments pacifiques . À croire qu’il reste un semblant d’ASTÉRIX chez certains d’entre nous … de là à penser que les Régions peuvent sauver les nations, il n’y a qu’un pas que je m’autorise à franchir …

Pour terminer ce billet, je vous propose la fin de la merveilleuse chanson de RENAUD qui m’a donné l’idée du Titre de ce billet :

Te raconter, enfin, qu’il faut aimer la vie

L’aimer même si le temps est assassin et emporte avec lui

Les rires des enfants

Et les Mistrals gagnants

Et les Mistrals gagnants …

** Je remercie Cécile Aubry pour m’avoir donné gracieusement la photo des Arlésiennes entourant Eugénie Gros, l’Adjointe à la Culture de Maillane.

Petit ajout de dernière minute :

Lorsque j’ai écrit ce billet, je ne pensais pas que les mots de RENAUD allaient résonner dans mon cœur. Je viens en effet d’apprendre que mon meilleur AMI vient de vivre un drame qui l’anéantit. Et je suis impuissant ! Saloperie de destin !

Profitez donc sans modération de la vie lorsqu’elle est faite de rires et de bonheur !