J’ai produit des centaines de concerts avec des vedettes françaises et internationales, et ce n’est pas un hasard si je ne possède pratiquement aucune photo où l’on peut me voir en compagnie d’une de ces personnalités, car je n’ai jamais été friand des humains qui prennent un malin plaisir à se faire photographier avec des V.I.P pour pouvoir étaler les clichés lors de diners prétendument mondains à défaut de pouvoir les faire paraitre dans la presse people…

La photo en illustration de ce billet est donc une rareté : on peut y voir de gauche à droite : Christine qui était ma formidable collaboratrice de l’époque, TINA et votre serviteur qui avait 36 ans de moins … ( pas de commentaires je vous en supplie…)

Elle a été prise dans un restaurant parisien à la demande de Tina, à l’issue d’un de ses concerts à Bercy … Par la suite, durant des décennies, chaque année, début Janvier, je recevais une carte signée de sa main à l’occasion des vœux …

Ainsi était Tina, une jolie petite femme normale, d’une profonde humanité, disponible, souriante, pétillante, empathique, débordante d’énergie positive, dans un monde où le moindre débutant qui a été éliminé lors des éliminatoires de « The Voice » en banlieue d’ Aurillac a des exigences inversement proportionnelles à son statut… et à son talent !

Après une longue éclipse, suite au divorce d’avec son tortionnaire de mari en 1976, elle est revenue avec l’aide d’un manager australien du nom de Roger Davies ( qui a également veillé sur la carrière d’Olivia Newton-John , John Travolta , Cher, Janet Jackson, Joe Cocker, Sade, Pink … excusez du peu ! )

 Roger était un homme dur en affaires mais droit et honnête, avec une carrure de bucheron … le genre d’homme qu’on écoute lorsqu’il parle sans trop poser de questions…

Il fut à la base de l’enregistrement de l’album « Private Dancer » incluant la chanson du même nom écrite en 1982 pour le Groupe Dire Strait mais finalement enlevé de l’album, Mark Knopfler ( l’auteur compositeur ) considérant que le texte racontant l’histoire d’une strip-teaseuse conviendrait mieux à une femme. Ce fut l’album de la renaissance !

Tina m’a d’ailleurs raconté une formidable anecdote : David Bowie, grand admirateur de la chanteuse, ayant appris qu’aucune grande maison de disques acceptait de la signer, l’estimant has been, intervint auprès du PDG de Capitol pour lui faire comprendre qu’il serait fort marri que le label ne permette pas à son amie d’enregistrer un nouvel  album … c’était une époque où les désirs d’un artiste comme David Bowie étaient un ordre !

Le disque fut donc enregistré et en 1984 une soirée de lancement mondial fut prévue à New York . Un second miracle se produit lorsque, quelques jours avant la date, Roger Davies apprit que le même soir LES ROLLING STONES avaient organisé un Cocktail attendu par tous les médias pour le lancement de leur nouvel album et l’annonce de la Tournée mondiale qui allait suivre… Tina et Roger étaient dévastés, conscients que leur soirée allait passer inaperçue face à celle du Groupe … Roger téléphona au manager des Stones pour lui faire part de leur désarroi … Mick, ami et fan de la chanteuse au même titre que Bowie, décida d’user lui aussi de son pouvoir pour aider son amie. Il appela immédiatement Tina pour lui assurer qu’il allait faire le nécessaire… Aussitôt dit, aussitôt fait ! il donna ordre à son équipe de décaler de quelques jours leur soirée pour permettre à Tina d’occuper seule l’attention des médias ! ce fut un triomphe, l’album sortit dans le monde entier et Capitol en vendit 20 millions … La chance avait tourné …

Dans la foulée, du 17 Février au 31 Décembre 1985, Tina effectua une tournée mondiale de 179 concerts à guichets fermés ( 107 en Amérique du Nord  –  10 en Australie – 2 en Asie et 60 en Europe ) et j’eus la privilège de produire les dates françaises à Paris – Lyon – Marseille les 26/27/28 Mars. ***

J’eus le plaisir de retrouver Tina les 29/30/31 Mars 1987 pour 3 concerts à guichets fermés au P.O.P.B ( Bercy ) puis les 11/13/15 Juillet à Fréjus, Nîmes et Dax pour les dates françaises du « Break Every Rule World Tour » qui traversa 5 continents, 22 Pays pour 218 concerts et s’étala sur plus d’un an ( 4 Mars 1987 au 30 Mars 1988. ) Tina a battu à l’époque le record de fréquentation pour une Artiste féminine avec plus de 4 millions de spectateurs à travers le monde… ****

Tous ces chiffres, dont je vous prie de bien vouloir m’excuser, pour vous prouver combien Tina était une immense chanteuse, transgénérationnelle, qui a connu deux vies !

J’eus l’heureuse surprise, en compagnie de mon Épouse, de revoir Tina et Erwin, son mari, durant quelques jours en Septembre 2016 chez un ami commun et j’eus la tristesse de constater que si sa gentillesse et sa simplicité étaient toujours omniprésentes, sa santé s’était considérablement détériorée… Je savais à cet instant que nous ne la reverrions plus jamais sur scène …

Je  veux garder d’elle  l’instant où elle se métamorphosait, en montant les quelques marches qui la menaient à la scène. En bas on croisait une femme d’une grande simplicité, les yeux et le cœur grand ouverts sur les gens qui l’entouraient, qu’ils soient célèbres ou inconnus, et cinq marches plus haut, c’était LA bête de scène qui rugissait et offrait du bonheur à des milliers de fans, avec sa démarche si particulière, si animale … et cette voix sans nulle autre pareil

                                         TINA ÉTAIT ET RESTERA A TOUT JAMAIS LA REINE DU ROCK N’ROLL !

*** Ce fut durant cette Tournée qu’elle rencontra Erwin Bach qui travaillait pour la maison de disques en Allemagne. 

Il avait 16 ans de moins qu’elle mais leur coup de foudre donna naissance à une grande histoire d’amour … En 2017, une grave insuffisance rénale fut diagnostiquée nécessitant une transplantation rapide… Erwin se proposa comme donneur et par chance, étant compatible, la greffe fut réalisée avec succès… il lui avait donné la plus belle preuve d’amour ! 

**** le choix des villes pour les dates d’été doit vous paraitre bizarre, mais à cette époque, les Zéniths n’avaient pas été construits ( à part celui de Paris ) les Festivals d’été n’existaient pas et la mode des concerts dans des stades n’avait pas vu le jour… Si Tina devait faire des dates d’été en France à notre époque, elle ferait le Stade de France, l’Orange Vélodrome de Marseille, le Groupama Stadium de Lyon …  J’avais donc choisi des arènes, garanties d’une capacité suffisantes en regard de la notoriété de l’artiste, car je n’avais pas d’autre choix…