La vie nous réserve souvent des coïncidences souvent bizarres, parfois fâcheuses …  J’en eus la preuve en fin de semaine dernière où nous fûmes invités mon épouse et moi-même à assister à 2 concerts qui m’ont beaucoup donné à réfléchir sur le sens de la perception artistique et de la critique.

Je m’explique :

Samedi soir, nous fûmes conviés au Stade Orange vélodrome de Marseille à assister à la « Grande Messe » de l’Icône incontestée de la chanson française qui relègue derrière elle les soi-disantes Déesses de la Pop mondiale, les MADONNA et autre BEYONCÉ …

Que l’on aime ou pas l’univers très personnel de MYLÈNE FARMER , force est de constater que son Show est du jamais vu à ce jour, car bien que pharaonique, aucun effet n’est gratuit et ne prend le pas sur l’authenticité de la démarche musicale, artistique et intellectuelle et de sa fantasmagorie.

Entourée de 16 danseuses et danseurs et de 6 Musiciens sur une scène gigantesque avec des décors somptueux et de très beaux éclairages raffinés mais néanmoins efficaces, ajoutés à de formidables projections toujours au service du propos, durant 2 heures nous ne pouvons qu’admirer ce qui aurait pu être, si cela avait été imaginé par une production US, un pur exercice de style du genre « vous allez voir ce que vous allez voir, ça coûte cher mais ça se voit !»

Or, c’est la 1° fois que je ressens le plaisir de faire passer mes yeux de la scène aux écrans, des écrans à la foule ( 60.000 personnes en communion avec leur idole )  pour revenir de ces fans en fusion à la scène.

Je ne comprends toujours pas ce tour de magie qui consiste à ce que Mylène ne soit jamais écrasée par l’immensité de sa production qui au contraire met en exergue sa fragilité qui est partie prenante de sa réussite artistique et du culte quasi sectaire qui lui est vouée…

Ce petit bout de femme occupe l’espace gigantesque avec tact, retenue, classe sans jamais en faire trop ! Pour moi c’est un miracle …

Seul petit bémol : j’eus préféré que Mylène change moins souvent de tenue, car cela génère des temps morts qui nuisent au rythme général du spectacle .

Pour résumer en quelques chiffres le côté pharaonique de cette entreprise :

• 13 Stades dont les 2 de Paris reportés = 600.000 spectateurs
• 82 Semi-remorques sur la route ( ça ne va pas plaire à l’autre imbécile de Sandrine Rousseau …)
• Durant la semaine de montage et les jours de démontage il y a 600 personnes
• Le jour du show 360 repas sont servis.
• Il y a 310 techniciens la veille et le jour du show
• Ouverture de scène 60 m – profondeur 24m avec un proscénium en croix de 45 m
• 12 semaines de répétition
• Le matériel technique a été loué essentiellement en France avec des ajouts nécessaires en Belgique et en Hollande.

Après une courte nuit dans notre confortable nid des Alpilles, direction Nîmes le lendemain soir.

Alors que je m’attendais à entrer dans un Ehpad à ciel ouvert, grande fut ma surprise de constater que les Arènes étaient remplies par un public multigénérationnel.

Le choc se produisit au niveau de la scène et de la production, renforcé par le fait que « STARS 80 » était présenté dans sa version Festival sans réelle production et sans projections.

Une des règles que nous connaissons par expérience dans notre métier est que les publics ne s’additionnent pas. Ainsi, si vous faites un spectacle avec 2 artistes de notoriété équivalente, représentant chacun 2.000 personnes, vous ne ferez pas 4.000 personnes mais au mieux 2.500/3.000 car si des spectateurs potentiels aiment les 2 artistes, d’autres n’en n’aimeront qu’un seul des deux et ne voudront pas se déplacer pour l’autre, et une même personne peut aimer les deux…

Mais là, bizarrement, alors que chaque artiste ne remplirait pas une salle de 200 personnes sur son seul nom, des milliers viennent dans les Zéniths ou le Arènes…l’effet « addition de public » est même décuplé. La raison me parait simple : ils ne viennent pas pour les Artistes mais pour les chansons qu’ils représentent, pour la nostalgie d’une époque où la vie était plus facile, où le chômage ne faisait que montrer le bout de son nez, où le mot Liberté avait une réelle signification au quotidien, où l’avenir paraissait radieux…  et certains de leurs enfants les accompagnent, biberonnés qu’ils ont été à entendre les chansons dans le cercle familial sur la chaine Hi-Fi ou sur Nostalgie et Chérie FM.

Je viens d’ailleurs de prendre connaissance du dernier sondage de Médiamétrie qui montre que Nostalgie est la radio musicale qui a connu la plus forte progression ces derniers mois et qu’elle est écoutée quotidiennement par 3,5 millions de personnes …

Les professionnels des Media prédisent même que dans quelques années, NOSTALGIE deviendra leader des radios musicales en lieu et place de NRJ, sa grande sœur de la galaxie BAUDECROUX … Il n’y a pas de hasard…

Mais revenons à nos moutons : les Artistes, mâles pour la plupart, ont pris de l’embonpoint, les chanteuses cherchent à rester désirables, flirtant pour certaines avec l’incohérence âge/physique/ tenue vestimentaire… Le mauvais goût n’est jamais loin…

La plupart n’ayant qu’un ou 2 titres connus ayant surnagé au fil des décennies, ils reprennent des tubes d’autres chanteurs de la même époque, pour le plus grand plaisir des spectateurs qui chantent en chœur avec eux… On assiste à une espèce de Karaoké géant où les Artistes et le public semblent apprécier le partage.

Pour que vous sachiez (presque) tout et que vous puissiez comparer, pour ce Concert, il y a 2 camions, 10 techniciens, une scène de 25m par 15 et 8 heures de montage.

Tout en écoutant les chansons, je ne pouvais m’empêcher de penser que nos enfants et petits enfants n’auront pas le bonheur de pouvoir revivre en live les chansons qui auront bercé leur jeunesse, car lorsque je vois les affiches des Festivals censés regroupés la fine fleur de la production actuelle, je me dis que pratiquement aucun interprète ni aucune chanson ne va passer avec bonheur l’inexorable filtre du temps qui passe… Je ne vois que très peu d’interprètes résister à l’érosion du temps, et à ce jour, seuls CALOGERO – STROMAE ( s’il continue …) M peuvent prétendre être toujours en haut de l’affiche dans 10 ou 20 ans…

Il est impossible de comparer les 2 soirées qui pourtant sont classées dans la même rubrique : « CONCERT » mais pour les amateurs de Football je dirai que le samedi soir j’ai vu jouer Manchester City ou le Réal de Madrid et le dimanche le Variétés Club de France cher à Jacques Vendroux ( que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaitre ) avec ses pseudos vieilles gloires ventripotentes !

Pourtant, mon honnêteté légendaire m’oblige à écrire que les 2 publics ont apprécié leur soirée et fait un triomphe aux Artistes concerné(e)s …

Comme disait ma Grand-mère, peu avare d’expressions imagées « Tu sais, mon Claudy, dans la vie chacun trouve chaussure à son pied » …

Eh bien un soir j’ai porté des LOUBOUTIN et le lendemain des TONGS ! chaque paire a son utilité …

N.B : J’ai écrit ce billet au retour du concert STARS 80 et ce Jeudi, la Une d’ Aujourdhui en France  est consacrée à la Nostalgie des chansons des Années 80 ! cette coïncidence n’est pas l’effet du hasard et consolide au contraire mes propos. J’en suis égoïstement ravi…

A la semaine prochaine, et d’ici là BANZAÏ !