Flashback : voilà un peu plus de 3 décennies, lorsque nous recevions des amis, je disais à mon fils qui était un jeune pré ado de 12 ans ( à l’époque on disait tout simplement «  enfant » ) « tu sais Sébastien, comme d’habitude, tu pourras prendre part à nos conversations d’adultes à la seule condition … »  je n’avais pas le temps de terminer ma phrase qu’il ajoutait avec un clin d’œil complice « … que je sois poli et que  je ne dise pas de bêtise » … et le déjeuner se passait dans la bonne humeur et tout le monde pouvait donner son avis sans qu’il soit question d’âge, d’expérience, de quotas, de race, de religion…

Retour au présent : le week-end dernier, nous avons été invités par des amis tous deux pétris de qualités essentielles : l’intelligence, le charme, la simplicité, une bonne éducation, le courage, l’empathie … liste non exhaustive !

Cette famille unie est composée des parents  et de 2 jeunes enfants de 11 et 16 ans ( fille et garçon qui n’ont pas encore précisé s’ils se sentaient genrés ou non genrés…)

Une fois arrivés sur place, nous étions accueillis et invités à entrer au salon pour un apéro de bienvenue …

Sur le canapé, les 2 enfants, lunettes de vue correctives sur le nez, regardaient comme figés leur téléphone respectif. Nous entendant entrer, sans lever leur nez, nous avons cru entendre un « bonjour » plus obligé que sincère … ce fut le seul mot qui sortit de leur bouche durant notre bref séjour …

M’étonnant auprès des parents de cette attitude car voulant comprendre pourquoi des adultes bien éduqués pouvaient accepter de leur progéniture un tel comportement, il me fut répondu tout naturellement que c’était normal, que je ne me rendais pas compte qu’on avait changé d’époque et qui si j’avais un enfant je serais bien obligé d’en passer par là !

Ceux qui me connaissent se doutent bien que je ne pouvais me contenter de cette explication trop primaire à mon goût, et c’est tout naturellement que j’entamais une série de questions où chaque nouvelle réponse me laissait plus abasourdi que la précédente…

J’appris donc dans le désordre qu’alors qu’ils avaient envisagé de changer de maison, ils ne le feraient pas devant le refus de la petite, car cela l’aurait obligée de changer d’école … que pour les prochaines vacances, ils attendaient le verdict des 2 enfants à qui ils avaient soumis une liste de 5 destinations, mais que la réponse tardait à venir car l’une aimait la mer, l’autre la montagne, l’un le climat tempéré, l’autre la chaleur… les parents craignaient d’avoir à arbitrer et à prendre l’énorme risque, à leurs yeux insurmontable d’en mécontenter un, voire les deux, si en espérant couper la poire en deux  leur choix final se portait sur la campagne ….

Je ne comprendrai jamais comment des personnes intelligentes, sachant prendre des décisions car efficaces dans leur travail, ont pu à ce point laisser le poison de la modernité représenté par la toute puissance de l’usage abusif du téléphone portable devenu ordinateur infester leur quotidien …

Les gens ne se parlent plus, ne se téléphonent plus, ils s’envoient des SMS, et cerise sur le gâteau, lorsqu’il devient indispensable qu’ils se parlent de vive voix, le demandeur  envoie un SMS pour savoir s’il peut téléphoner… 

Dans peu de temps, les gens enverront un SMS pour demander s’ils peuvent envoyer un SMS… 

Nous sommes chez les fous !

Avant, nous avions plaisir à lire pour apprendre, pour se cultiver disait-on ! Cette envie et ce besoin sont devenus totalement obsolètes … Il n’est plus utile de lire pour s’instruire, Wikipédia est devenu l’outil indispensable pour faire croire que l’on connait moult sujets  …

Plus besoin d’apprendre l’orthographe et la conjugaison on écrit en phonétique…

J’attends le moment où l’on supprimera les écoles en ayant pris soin de distribuer une tablette à chaque enfant qui prendra connaissance de ses cours lorsqu’il le souhaitera,  l’ I.A remplaçant les instituteurs… Plus de syndicat d’enseignants, plus de grève, plus d’arrêt maladie !  Le monde idéal …

Au final, je suis heureux de ne pas avoir de petits enfants, car lorsque je fermerai définitivement les yeux, je n’aurai pas à craindre pour leur avenir…